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29 janv. 2007

Liberté pour toujours : pourquoi deviendrais-je conformiste ?

Vous souvenez-vous du futur où tout est si individualisé ? Ce n'est pas une société d'ados attardés ou d'adultes respos, mais une société d'individus partitionnés dans une culture de consommation. Notre génération n'en n'a que faire des «modèles» québécois ou autres, parce que fonctionnant ou non nous désirons plus que tout la liberté et le bonheur. N'est-ce pas des quêtes datant des révolutions du XVIIIe siècle en France et aux États-Unis ?
Il n'y a pas si longtemps j'entendais dans un excellent documentaire de Charles Gervais, Revolucion, que les principes même de ces révolutions étaient basés sur la quête quasi absolu du bonheur pour tous.
Je sens dans ma génération un ras le bol de la conformité et le désir d'atteindre ce que nos parents n'ont pas osé réaliser. Cependant, il semblerait que notre modèle dominant d'exploitation des autres et d'expropriation de notre environnement sclérose l'action commune au détriment d'individus se rencontrant dans un «chill» après une nuit de rave avec ou sans pilule du bonheur. Mais en même temps : n'est-ce pas une belle expression de la société de loisir, de la société du bonheur ?

Je suis un «twizter» bien malgré moi et j'en connais d'autres dans la trentaine et le début quarantaine qui le sont. Nous ne sommes pas pour autant irresponsables, en tout cas pas plus que les actionnaires décidant des acquisitions, des fusions et des délocalisations d'entreprises nous faisant vivre de l'insécurité et nous éloignant de notre quête du bonheur et de la liberté.
Nous devenons donc cette étiquette et sautons d'un emploi à l'autre avant qu'il ne saute sous nos pieds. Nous avons besoin de «zapper» parce que la société nous y oblige parfois, parce que la société de consommation et le capitaliste ont atteint leur paroxysme de «j'ai plein de choix, pourquoi me priver».
Mais c'est en fait un leurre : car souvent ce n'est pas par choix, mais par peur ou absence de peur (insécurité, incertitude, sentiment d'appartenance ou rejet, quête d'émotion non identifiable - ENI ) que nous changerons d'emploi rapidement, que nous flirtons rapidement d'unE compagnonNE à l'autre.
Sommes nous irresponsables ou trop évolués ? Le cynisme ambiant de ma génération vient peut-être du fait que nous sommes trop réalistes, trop pragmatiques... On veut du concret et ont plonge souvent dans le virtuel. C'est peut-être Niezstche qui avait raison : le dernier homme naîtra en clignant des yeux et en se disant : après tout, on s'en fou, on va tous vers la mort, à quoi bon vivre ? Alors vaut mieux vivre dans le bonheur le plus total et si cela implique d'être des ados attardés : j'achète ! Oui, vaut mieux vivre pleinement dans la joie
(pour le plaisir d'avoir du fun !) que de vieillir austère et d'avoir des enfants pour ne mettre au monde qu'un pollueur de plus. Souvenez-vous du futur : lorsque, entre autres les Celtes et les Mayas nous prévenaient de la fin d'un cycle causé par l'épuisement de notre planète et de l'évolution d'un renouveau obligé tous les 5 000 ans environ.

Baudelaire avait dit : «La conformité, c'est la mort de l'âme». On sent dans l'article de Baillargeon cette mort atroce au nom d'une soi-disant responsabilisation.
Pour lui, et plusieurs «bien-pensants»: avoir des enfants, se ranger en couple, se ranger dans sa carrière c'est l'aboutissement d'un être humainE responsable !
Évidement, Baillargeon base son analyse sur des comédies dramatiques au cinéma et à la télé en s'appuyant d'un anthropologue torontois. Wow ! Ça fait tellement petit cégepien ça ! Un vrai lucide: lui y connaît ça et il a tout compris ! Faut arrêter de jouer, la récréation est termnié !
Y a t'il des solutions dans son hypothèse ? Bien sûr que non. Il ne jette qu'un préjudice dans le débat public sur des éléments de vie privée. Car, ce n'est pas de l'ordre du débat public que de discuté des choix de chacunE sur la famille, la carrière ou bien ses activités du jeudi et samedi soir.

Je me reconnais dans les films de Ricardo Trogi tout simplement parce qu'il est de ma génération, qu'il voit (regarde et vit) en effet les mêmes choses que moi. Est-ce que nous jugeons pour autant nos amiEs sur leur choix de vie ? Je ne crois pas que la société serait plus «unie» parce que nous exigerions de chacun de nous de faire des choix traditionnels et conformistes comme nous chantent si bien des «enfants» sur les pubs d'une banque : «Oh ! t'as pas encore de maison ?» Au contraire, l'évolution c'est souvent fait par des gens qui avaient un esprit anticonformiste, qui étaient capable d'aller au-delà de la moral établit sans être amoral. Je crois simplement que l'article de Baillargeon est réducteur et est un cris d'alarme austère d'un conformiste, possiblement jaloux, d'une génération vivant dans le plaisir et qui fait de plus en plus ce qu'elle veut et non ce qu'elle peut.

8 commentaires:

  1. Whoa, bien ecris, bonne critique. Je comprend entierement ton point de vue meme si je le partage pas en tout point. Je suis un peu egoiste et je veux atteindre l'eternel en laissant un peu de mon ADN derriere moi quand je serai mort, hey oui... je desire avoir des petit kids (pas des McKids :P )
    Continu a ecrire tes critiques, c'est toujours interessant a lire et j'adore tout ce qui est opignion anti-conformiste et marginal. :)

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  2. Peu importe la voie qui nous habite, qu'elle semble être conformiste ou anti conformiste, si c'est la recherche et l'atteinte du bonheur, de la liberté qui nous anime, c'est la bonne voie.

    Cette voie est multiple, surtout à l'heure des permissions sociales. Les modèles sont multiples et les voies diversifiées. La vrai question n'est pas de savoir si telle ou telle voie est bonne ou mauvaise, permet ou non la réalisation de l'objectif de masse, mais bien de permettre, à l'individu qui la choisit de s'épanouir et d'atteindre la liberté.

    Cette liberté, elle ne se troiuvera jamais dans la consommation. Cette consommation emprisonne et donne l'impression du choix. En ce sens, zapper est illusoire. La liberté, elle se trouve dans le courage de se choisir et de choisir son prochain dans ses beautés et dans ses laideurs, peu importe la forme sociale que ce choix implique.

    Frédérik, il est 06h15 et je part pour une journée de travail... Je lirai l'article de Baillargeon plus tard. Ton commentaire est pertinent mais je m'intérroge sur le sens que tu donne au mot liberté. On s'en reparle mon frère.

    Martin.

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  3. Bien d'accord. Le choix est libre à chacun, mais il m'apparait que peu font des choix éclairés puisqu'ils sont à l'ombre de ces fameuses institutions presque éternelles qui semblent dicter la façon dont on doit vivre. J'adore les enfants, leur innocence et les voir grandir, mais comment vouloir en mettre au monde? Avoir des enfants, c'est se tirer dans le pied au sens collectif dans notre monde actuel. Est-ce que ce sont ceux qui ne choisissent PAS les enfants et la baraque qui sont égoïstes et irresponsables, ou ceux qui les choisissent pour que leur vie soit "complète" comme un set de salon?

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  4. Le sujet m'appert mériter davantage de réflexion. L'esprit anglo-saxon semble verser davantage dans le conformisme que dans l'innovation ou l'ouverture; c'est pourquoi j'aime le Québec. Par contre , la discipline a de précieux cotés. Elle peut nous prémunir contre des fermetures d'usines, de dilapidation de ressources naturelles (bois, eau ...). Se conscientiser n'est pas si facile, car agir ensuite avec cohérence commande un effort.

    A vrai dire, je trouve l'article fort philosophique, rebel et un peu à l'écart d'une approche globale plus équilibrée. Ainsi, je souscris volontier au commentaire de Martin.

    Humblement, j'avoue ne pas bien comprendre ta pensée, mais je suis content des interrogations que tu suscites.

    salut ---jacek

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  5. Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blogue.

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  6. Bonjour Martin, merci pour ton commentaire et ta contribution au débat. Pour répondre à ta question, sur le sens attribué au mot liberté, d'abord sâche que je ne donne pas de sens personnel à ce mot, mais je lui accorde son sens dialectique en réponse à la rhétorique de Baillargeon. Puisqu'il oppose la prise en charge de notre vie par «un» modèle pragmatique, moralisateur et conservateur en sous entendant qu'ils nous faut: nous jeunes hommes de trente ans et jeunes femmes de 40 ans, s'en remettre enfin à la conception de la famille responsable et de s'y engager se «caser». Aussi il se sert des mondes imaginaires de Québec-Montréal, Horloge Bio et la série les Invincibles. Alors je lui ai renvoyé la dialectique du pacte des héros «adulescents» de cet imaginaire : la liberté, respirer et faire ce que l'on veut et non ce que l'on peut. Plus encore, c'est reprendre son indépendance d'esprit et de choix face à ce modèle de couple ou familiale, souvent contrôlé et orienté par la femme (on généralise ici, mais c'est la dialectique et la rhétorique). Donc, plus perso, la liberté c'est : ne pas me conformer à un modèle sociétal qui ne me ressemble pas. Assumer mon choix de vivre mon célibat et d'être un «twitzer» souvent malgré moi, mais en assumant cette liberté et non d'être irresponsable. À bientôt compañero !

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  7. Cher Jacek, Si tu veux en apprécier mieux l'approche global il te faudrait assurément lire l'article source de Stéphane Baillargeon dans le Devoir du 27 janvier qui a sucité chez moi cette analyse réplique (un peu réactionnaire certes, mais moins que l'article source lui-même, qui d'évidence manquait d'analyse exhaustive) Évidement que oui mon article est teinté de rébellion et de philosophie, puisque que je m'attaque à des concepts et que je suis moi-même un esprit abstrait et anti-conformiste. C'est dans ta réponse que je vois ce confirmer nos différences idéologiques notoires à tout point cher Kamarade ! Mais je ne personnaliserai pas ici le débat d'idée. Je conclurai en ceci : il m'est aussi évident que 2 hommes de foi s'entendent, c'est systématique et le reflet juste de nos débats aux Oktobër Fest. Si Luc avait accès à l'Internet, je suis certain qu'il jetterait de l'huile sur ce feu ;-) Da vizenia !

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  8. Tout à fait d'accord pour l'expression de la liberté par un modèle social différent. La liberté est possible à tous les plans. Ce que je voulais dire, en peu de mots, c'est que la Liberté, c'est pas par le modèle ou l'anti-modèle social qu'on la trouve. Je crois qu'on la trouve en nous, en ayant l'assurance d'être ce qu'on est, peu importe le modèle ou l'anti-modèle social qu'on adopte. Cette Liberté, on la vie souvent dans la solitude puisqu'elle est tellement personnelle. Je crois, par exemple, que je suis un exemple de liberté même si je me suis conformé au modèle social proposé, du moins en partie.

    Est-ce que tu vois ce que je veux dire?

    Je pose aussi la question suivante : se situer par rapport à un modèle social dominant, c'est aussi reconnaître qu'il est dominant. Est-il si dominant ce modèle "traditionnel" dans la société actuelle? Deuxième question : le modèle proposé, supposément plus marginal, n'est-il pas en train de s'ériger en modèle dominant? Est-il possible que, dans l'imaginaire collectif, ce modèle de liberté impose de plus en plus ses principes et valeurs? Si oui, en venons, de nos jours à un modèle d'obligation à la différence?

    Bonne soirée.

    Martin.

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