Espaces Libres Contaminés

Dimanche ensoleillé sur Montréal je décide d'aller faire une promenade décontracte et libre, question de brûler des calories, profiter du soleil et prendre des photos dans des espaces urbains «oubliés».

Un coin où l'on fait des découvertes intéressantes et où nous pouvons avoir la paix des foules normalement, c'est le Mile End Plateau Jonction Semi Industriel, derrière le monastère du Mont Carmel.
Composé du quadrilatère des rues Laurier au sud, la voie ferrée du CP (St-Grégoire) au nord, le boulevard St-Laurent a l'ouest et plus ou moins les rues St-Hubert / St-Denis a l'est.
L'épicentre de ce secteur est le parc d’immeubles semi-industriels des rues de Gaspé, Henri Julien, St-Viateur et Casgrain. Là même où il y a des «sweat shop» d'immigrants illégaux travaillant pour des juifs illégaux.

Pour me rendre dans ce secteur post industriel et capturer mes images d’espaces oubliés, je passe par des espaces libres contaminés. Qu'est-ce donc des ELC ? Pourquoi libre? Contaminés par quoi ? Est-ce dangereux ?

Bon, je définis les ELC comme étant des endroits qui pendant longtemps étaient «vierges» de gens, oubliés, vacants. Des espaces urbains ou les solitaires comme moi, certains artistes et graffitistes peuplaient paisiblement et éphémèrement ces lieux. Les seules touristes étaient des explorateurs urbains et des amants des espaces libres de développement et de peuple étourdissant.

Libres. En fait au passé, car maintenant contaminés par le sacro saint développement commercial et/ ou résidentiel. Ces espaces pullulent dorénavant de peuplades d’indésirables «faiseux» et «neoriches» endettés vivants au-dessus de leur moyens. Ces petites nouvelles familles fin vingtaine début trentaine avec leur pollution, consommation et virus a deux pattes dans un carrosse et/ ou a quatre pattes en laisse.

Prenons par exemple la rue St-Grégoire. Il n'y a pas si longtemps, à peine 5-8 ans était un agréable espace libre vacant a côté de la voir ferrée ou subsistait les bureaux de Bélair, le vieux garage shell de Jean-Michel Godbout, les restants du club ado le Treizième ciel. Un beau parc à chien naturel et non supervisé. Une belle frontière entre le  Plateau-nord et la Petite-Patrie ou nous passions tous librement.

Maintenant il y a un trottoir bourré de poussettes envahissantes poussées par des papas et mamans se prenant pour des royautés parce qu'ils prennent pour acquis que c'est à vous de céder le passage !
En bordure des trottoirs, des tonnes de voitures neuves non payées restreignant l'autobus 47 dans ses mouvements, maintenant ralentis, en plus par un triple trafic avant inexistant en dehors de l'heure de pointe où il y a toujours eu la sortie de La Roche allant chercher Papineau. Aujourd'hui c'est comme cette heure de pointe,  mais tout le temps. Alors on se pile sur les pieds sur les trottoirs et l’on pare choc à pare choc dans la rue, et ce même le dimanche ! Hum, c'est ça le développement ?

Oui c'est dangereux parce que ça pus ! Ça fait chier et rend agressif les explorateurs urbains et les vrais artistes et solitaires qui ont de moins en moins d'espace libres.

Parallèlement à ce secteur, notons d'autres attaques d’espaces libres : Pointe St-Charles, Griffintown, Shaugesnay Village, Hochelaga, le Vieux Rosemont, le Quartier éphéhère (Cité du multi-média), Lachine, Rivières-des-Prairies et bien d'autres. Le Mile-end et tous ces endroits sont attaqués par les développeurs dessinant partout le même monstrueux parc de conformité «condorisé» !

Au nom d'une surconsommation, de développement aveugle, les espaces libres, souvent même vert, mais surtout avec une histoire,  sont détruis, envoyé au néant, efface comme les nouvelles dans 1984 d'Orwell.
Peu des colonisateurs de ces espaces connaissent l'histoire de leur quartier. Pire encore si vous prenez le cas de celui que je viens de décrire, du secteur Angus et du futur site du Bassin Peel, les colons ne savent même pas qu'ils sont sur des terrains hautement contaminés chimiquement. Ironiquement ces gens sont des contaminateurs de nos espaces autrefois libres, paisibles et quasi vides, mais ils vivent au-dessus de résidus chimiques d'anciennes zones industrielles.

Je les blâmes en les pardonnant. Ils me font chier par leur choix et je serais encore plus déçu s'ils venaient grandir les rangs des personnes faisant des choix anti-conformistes comme moi. Je suis ouvert à la diversité et à la liberté de choix. Avec force et haut et fort je prends position contre l'effet contaminant des choix de cette masse merdique de faux riches enserrés vivant dans le confort et l’indifférence.
Je m’insurge devant ces complices criminels de la mort d'espaces retranchés et d'espaces de libertés volés aux explorateurs urbains, aux graffitistes et aux solitaires. Volés à eux-même, comme la nature s'envole en dehors des villes.

Je dis à ces complices qui effacent la mémoire de notre ville, que ces mêmes endroits, lorsqu'ils étaient nouveaux à leur époque industrielle, ont été eux aussi criminels car ils avaient été les bourreaux avant d'être les victimes. Alors rassurons nous, tout est cyclique et rien ne se perd et rien ne se créer, alors les bourreaux modernes décris dans cet article seront les victimes d'un futur développement et transformation. Leurs virus actuellement en carrosse les pousseront à leur tour dans une chaise roulante vers l'hospice.